Entre les théories modernes (et autres) apprises sur les bancs de l'école d'architecture; les lectures, conférences sur l'anthropocène et l'effondrement du vivant; une conjoncture mondiale plutôt inquiétante, il n'est pas toujours évident de trouver le sens dans lequel on veut exister dans ce monde. Individuellement et collectivement. En tant qu'humain.e, et d'autant plus en tant qu'architecte.
Notre société, ultra-connectée, en croissance infinie, dans une productivité qui dépasse la raison, évolue dans un monde réel, analogue, possédant nombre de ressources finies. Comment construire ? Que construire ? Pourquoi même construire ?
Car si l'architecture est l'art de bâtir, d'agencer, de mettre en relation, d'observer l'existant, d'analyser, elle ne doit pas selon moi être résumée uniquement par l'acte de construire. Cette question de la multiplicité de l'architecture est arrivée assez tôt dans mon parcours et m'a orientée vers les notions de transformation de l'existant, de réemploi, de mobilité, d'espace public*. Ces quatre thématiques sont au cœur de mon parcours de master, et ont guidé mes années de recherches, d'expérimentations et d'observations.
Comment être architecte, faire architecture, sans jamais agir de manière irréversible sur nos précieux sols ? Sans construire en béton, ce matériau et industrie responsable en partie du réchauffement climatique et des bouleversement que cela implique ? Si l'on construit, un des plus grands enjeux est d'utiliser des matériaux locaux dans une logique vernaculaire et permacole. Par des allers-retours entre de nombreuses disciplines comme la sociologie, l'urbanisme, l'art, l'architecture, l'histoire, la géologie, nous pouvons envisager les problématiques urbaines et rurales liées aux espaces que l'on conçoit.
Transformer, analyser, observer, contempler, assembler, déstructurer, restructurer, déplacer... verbes d'action.
Je vois l'architecture dans une démarche de création et de mise en commun à échelle locale, par la discussion, l'étude, la construction réversible, éphémère, imaginée puis réalisée, mobilisant nos imaginaires.
Après une année à travailler en agence à Paris chez Maud Caubet Architectes sur des projets d'architecture d'intérieur, de concours de logements/bureaux et en suivi de chantier, j'ai décidé de partir à la découverte des acteurs de la transition écologique en France. Tout d'abord afin de développer des connaissances en éco-construction, en permaculture et en nouvelles formes de gouvernance et explorations de démocratie.s. Mais également pour m'installer hors de la région parisienne afin de travailler et vivre dans un environnement plus proche des mes aspirations. C'est à la suite de cette année particulière, entre découvertes, projets de scénographie et crise sanitaire que je m'installe en Isère, dans un habitat participatif au Moutaret (38580).
*J'intègre au terme « espace public » des notions de sociologie, de politique, de rapport au(x) commun(s), de sol, de paysage, de vide(s), de systèmes de relations.